dimanche 20 avril 2008

Rendre à Robert ce qui appartient à Robert



Le plus malin, c'est lui. Le plus complet, c'est lui aussi. Le petit génie de la mélodie imparable sur une seule corde c'est encore lui. Celui qui m'a donné envie de chanter en jouant de la guitare, c'est lui. Celui qui m'a convaincu de construire mes disques de A à Z tout seul, c'est lui. Celui qui m'a donné le courage d'exprimer ce que j'avais sur le coeur dans mes chansons sans effets de style, c'est Robert. Celui qui m'a aidé à ne plus avoir honte d'être ce que j'étais dans la cour de récréation de mon collège élitiste peuplé de petits adultes névrosés et habillés comme il le fallait, c'est lui, c'est Robert. Aaah Robert, à 15 ans je m'habillais et me coiffais comme toi, tu étais le maître à penser. Tes disques je les chérissais. Tes chansons étaient la bande originale sonore de ma vie. Je collectionnais les live pirates, les baskets blanches et les blazers noirs. La première pédale d'effet que j'ai acheté était un flanger boss car j'avais lu quelque part que c'était ton effet préféré. Et tu n'es jamais devenu un homme d'affaire, en tout cas pas à mes yeux. Un jour tu as déclaré que Ride étaient les dignes successeurs de Cure et aujourd'hui je joue leur chansons avec leur chanteur, j'ai l'horrible prétention de croire que je fais un peu partie de la famille. Tes disques je les écoute toujours avec le même frisson même si je m'en suis abstenu pendant 10 ans, car j'étais saturé, je ne t'entendais plus. Aujourd'hui je suis abasourdi par ton travail et ton talent, certains de tes disques sont des exemples de pureté inégalables et le jour heureux de mon mariage, je demanderai au DJ de jouer "Plainsong" à fond les manettes !

Terry Bickers, Himalaya



Si Mr Evans fut celui qui me donna l'envie de jouer de la guitare, Terry Bickers est celui qui orienta mon jeu de façon décisive. Disons que le côté "stadium" de U2 a fini par m'ennuyer. Puis vint The House of Love en 1988, un groupe nerveux et mélodique, anglais par dessus le marché. Avec ces guitares qui sonnent comme des sirènes d'alarme, parfaite mise en ondes sonores de l'urgence et de l'apesanteur. Avec Terry Bickers il est beaucoup question d'apesanteur: guitariste teigneux et surdoué, fender jazzmaster ou gibson 335, des tonnes d'effets miaw miaw, une fulgurance et un tranchant impressionant, un regard inquiétant, un mythe à lui tout seul.D'ailleurs il se fera virer rapidement de The House of Love et partira fonder Levitation (je vous parlais d'apesanteur). Son travail dans la maison de l'amour était remarquable, le groupe balbutiera gauchement après son départ d'ailleurs, incapable de lui trouver un successeur. Levitation donc. Un choc! Une déflagration ! Terry y chante comme un possédé et sa guitare batifole désormais en toute liberté. Nous sommes en 1991 et Leviation est mon groupe favori aux côtés des anges Ride. Levitation c'est le côté sombre, c'est psychédélique planant et ça passe admirablement sous drogues. Je les verrai deux fois en concert, chaque fois inoubliable de folie et de rage. Un groupe OVNI, ils ne sont pas d'ici et ne font que passer; le groupe se sépare deux ans plus tard, Terry claque la porte face aux business devenu trop encombrant. J'ai eu la chance de lui parler une seule fois à Bruxelles; un garçon timide et gentil avec de grands yeux noirs qui vous transpercent. Terry Bickers fut celui qui guida le choix de mes notes et de mes harmonies, la façon d'agencer plusieurs guitares entre elles et quels effets utiliser. Terry m'a appris à créér des textures et des paysages sonores avec juste une guitare, du chorus, de l'écho et une pédale de volume dont je me sers abondement dans Jeronimo. Son influence est énorme. Terry utilise énormément le mode mixolydien (gamme majeure mais avec une septième mineure) qui fut toujours ma couleur préférée. On n'entend qu'elle sur le prochain disque. Bickers a rejoint The House of Love en 2005, vous pouvez le voir sur la vidéo ci-dessus ("Christine, chef d'oeuvre absolu), c'est le beau garçon en chemise bleue.